Au début des années 50, il n’y avait pratiquement que deux recours proposés à la souffrance psychologique : celui de la psychiatrie, ou la cure psychanalytique. Aujourd’hui, le paysage est totalement modifié mais revenons aux origines.
Le principal fondateur de la gestalt-thérapie est Fritz PERLS. D’abord médecin, il rencontre la psychanalyse de FREUD en 1919 puis ses recherches l’orientent vers l’exploration des relations entre corps et psychisme, posant le principe d’un fonctionnement unitaire de l’organisme,
Il reproche à la psychanalyse de trop mettre l’accent sur l’inconscient et de négliger la conscience sur laquelle se fondent la liberté, la responsabilité et le vécu existentiel du sujet. Il élabore une nouvelle démarche thérapeutique, l’analyse existentielle, qui conçoit la relation thérapeutique comme une rencontre intersubjective entre deux personnes, où le thérapeute adopte une attitude empathique pour approcher l’univers existentiel du sujet.
Trouvant un retentissement important aux Etats-Unis dans les années 60, ces approches marquent le point de départ d’un courant majeur de la psychothérapie, nommée Psychologie humaniste – qui se situe entre la psychologie behavioriste et la psychanalyse.
A la même époque, C. ROGERS, psychologue, met l’accent dans la pratique thérapeutique sur l’expérience « ici et maintenant », sur la capacité de développement de chaque personne, sur la liberté et la responsabilité de chacun. Il conçoit la relation thérapeutique comme authentique entre deux personnes dans laquelle le thérapeute adopte une écoute non directive, d’accueil inconditionnel et de congruence. Il cherche à favoriser l’autonomie et les potentialités de la personne (appelée aussi « client » pour se démarquer du « patient » de l’approche psychiatrique et psychanalytique).
Pour la thérapie existentielle humaniste, « c’est la relation qui soigne » (I. YALOM).
C’est dans ce mouvement existentiel humaniste, que s’inscrit la Gestalt thérapie, fondée par F. PERLS (1893-1970). Psychanalyste et psychiatre allemand, il prend ses distances à l’égard du freudisme et fonde peu à peu une démarche « intégrative », avec certains éléments psychanalytiques de la théorie de la forme (Gestalt théorie), l’analyse existentielle, l’approche corporelle et la technique du psychodrame de J. MORENO, en collaboration avec son épouse Laura Perls et Paul Goodman.
La gestalt-thérapie s’est développée en France dans les années 70 avec les deux pionniers : Serge Ginger et Jean-Marie Robine qui ont chacun fondé une école de gestalt-thérapie, respectivement à Paris et Bordeaux.
D’après la Revue Les grands Dossiers des Sciences Humaines n° 59 – p 14-21.