A l’occasion du débat sur l’aide active à mourir je voudrais vous partager ma réflexion autour de la question de la mort. Pour beaucoup d’entre nous, la mort est un espace où nous n’avons aucun pouvoir. En effet, nous ne savons pas la plupart du temps quand elle va survenir et elle est parfois voire souvent précédée d’une maladie ou de souffrances que nous n’avons en rien décidées.
Il me semble que plusieurs chemins sont possibles :
Aujourd’hui la demande sociale est forte pour élargir la possibilité de mettre fin à sa vie, et la convention citoyenne sur la fin de vie vient de le confirmer. Cette situation est malheureusement en partie liée au mauvaises voir très mauvaises condition d’accompagnement de la vieillesse et de la fin de vie.
Il me semble que la décision de sa vie ou de sa mort est un espace très intime de liberté. Au nom de quoi pourrait on retirer à un individu la liberté de choisir son destin jusqu’à la fin. Certains brandiront la religion, les valeurs morales. Le seul obstacle pour moi est celui de la liberté de l’autre, c’est-à-dire la liberté de l’autre à pouvoir on non donner la mort ou aider à mourir. Ainsi je comprends parfaitement que des médecins ou des soignants ne souhaitent pas porter ces actes. Pourtant, je n’accepte pas qu’au nom de quelques-uns la liberté soient retirée à tous.
Cela rejoint pour moi le débat sur l’avortement, comme si ceux qui n’étaient pas favorables à la liberté d’avorter devaient interdire aux autres de faire ce choix. Cela est vrai dans bien d’autres domaines où les humains veulent imposer leurs décisions aux autres au nom de leur croyances.
La philosophie et les valeurs de la gestalt-thérapie sont celles de la responsabilité et de la liberté. Ainsi, les gestalt-thérapeutes accompagnent chaque personne dans ce sens, soutiennent le choix de chacun dans le respect des autres. Je suis heureuse de ce débat qui s’ouvre en France et j’espère qu’il se fera dans l’écoute plutôt que les clivages partisans car finalement je souhaiterais avoir pour moi, un jour, ce choix, cette possibilité d’en finir, d’abréger mes souffrances psychiques ou physiques ou une vie qui n’aurait plus de sens. Le pire est-il la mort ou la souffrance ?
Isabelle Soulat, Directrice de l’ILFG