Les enfants sont les principales victimes des violences sexuelles. Et le constat est alarmant : en France, 1 femme sur 5 et 1 homme sur 14 déclarent avoir subi des violences sexuelles. Dont 81% déclarent avoir subi les 1ères violences avant l’âge de 18 ans, 51% avant l’âge de 11 ans, et 21% avant l’âge de 6 ans. Dans plus de 50% des cas, l’agresseur était un membre de la famille. https://www.unicef.fr/convention-droits-enfants/protection/violences-et-agressions-sexuelles/
C’est dire qu’un bon nombre de vos clients auront vécu une agression sexuelle.
L’enfant abusé est souvent jeune (entre 4 et 11 ans). Le plus souvent, les enfants victimes d’abus sexuel restent silencieux car ils sont persuadés de devoir garder le secret. Une telle situation peut ainsi persister pendant des années avant d’être découverte.
Généralement, l’abus sexuel a lieu au sein même de la famille, ou dans l’entourage proche (ami, voisin, professeur, entraineur sportif).
Par ailleurs, l’agression est rarement violente. La plupart des abuseurs utilisent la persuasion, les menaces et les promesses, ou peuvent faire preuve d’une grande bienveillance.
Suite à ce traumatisme, l’enfant garde des séquelles émotionnelles, psychologiques et physiques. Les victimes développent des sentiments multiples tels que la honte, la culpabilité, l’angoisse, l’insécurité, et se retrouvent plongés dans une profonde solitude. Il n’est pas rare que les enfants se montrent incapables de verbaliser ce qu’ils ont subi par peur des représailles, par incapacité verbale, par impossibilité d’élaboration intellectuelle. Cependant, sentiments et émotions sont bien présents.
L’enfant prend conscience que ces « jeux » avec son agresseur sont anormaux. Il sait d’instinct qu’il vaut mieux garder ce « secret », même en dehors d’une menace de la part de l’agresseur. Par ailleurs, comme l’explique Dorothée DUSSY dans Le berceau des dominations, « dans la majorité des cas, l’agresseur n’a pas besoin de lui dire explicitement de se taire ; le silence sur l’abus (notamment l’inceste) fonctionne comme un système qui s’entretient et se nourrit du système familial ».
Un tel secret, dont il ne peut pas se libérer, est coincé dans son psychisme, ce qui nuit progressivement « à la circulation de sa vitalité » et peut plonger l’enfant dans un état dépressif.
Lorsque le corps de l’enfant abusé a une réaction de plaisir sexuel ou lorsque l’agresseur lui suggère qu’il a un comportement séducteur, la victime peut vivre un sentiment de culpabilité et d’autoaccusation.
L’enfant peut se sentir rejeté par ses propres parents, soit par la non-protection en cas de révélation, soit par son impossibilité à révéler. Par conséquent, il vit dans l’insécurité : il se sent à la fois isolé, vulnérable et impuissant, ce qui l’angoisse encore plus.
L’abus sexuel de l’enfant et la manipulation psychologique qui l’accompagne rendront toujours l’ajustement de la relation à l’Autre délicat, oscillant de manière paradoxale entre une très grande méfiance et une très grande dépendance envers l’Autre.
Vos clients ont souvent tendance à rejouer une situation connue même si celle-ci est destructrice car elle sera toujours moins angoissante que l’inconnu, le vide. Dans le cas de traumatismes cumulés, le sujet est incapable d’élaborer psychiquement les expériences auxquelles il a été soumis, celles-ci font effraction en lui et y vivent comme corps étranger.
Il est donc nécessaire, dans le travail thérapeutique avec les victimes d’abus sexuels, de leur offrir de nouveaux messages « détoxifiés » de mise en contact et de lien. Ces nouveaux messages leur permettront de commencer une nouvelle vie, avec des bases plus saines et plus solides, qui les amèneront à modifier petit à petit leurs choix d’objet d’amour. CAIRN – revue Carnet de notes sur les maltraitances infantiles 2014/1 – n°3
Christèle HERAULT, Gestalt thérapeute, formatrice et superviseure à Plouër-sur-Rance en Bretagne, s’est formée auprès de Fernande AMBLARD et s’est spécialisée dans l’accompagnement des adultes victimes d’abus. https://www.chrysteleherault.com/
Un stage de formation sur les abus sexuels et l’accompagnement thérapeutique est programmé dans locaux de l’ILFG du 07 au 09 mars 2024.
Informations et inscriptions sur https://www.ilfg.fr/stage/abus-sexuel-accompagnement-therapeutique/