Je vous propose de découvrir le témoignage d’Alexandra Grassineau qui a présenté son écrit final autour de la question de la honte, pour le certificat Européen de Psychothérapie à l’ILFG le 21 novembre 2022.
Je suis Alexandra Grassineau, Gestalt-thérapeute formée à L’ILFG. J’exerce dans un pôle médical depuis environs 3 ans au Pays Basque.
Il était important pour moi d’aller au bout de cette formation en gestalt-thérapie. Ma motivation initiale était d’obtenir le Certificat Européen de Psychothérapie. Au début, je voyais surtout l’écrit final comme le moyen d’y parvenir.
J’ai choisi de présenter un dossier clinique concernant le suivi d’une cliente.
La supervision a été un élément clé pour en identifier clairement le thème. Lors d’une séance, j’ai rapporté la situation, la figure a émergée du fond. C’était la honte. Absente de mon vocabulaire et pourtant présente dans mon processus, elle s’invitait dans la relation thérapeutique. Elle était dans le champ.
Lors de cette supervision je l’ai contactée sans pouvoir la nommer. C’était la confusion, le flou, l’émotion intense mais aussi de la gêne qui me mettait dans l’impossibilité de regarder mes collègues. Je me sentais impuissante, figée, paralysée. C’était difficile, douloureux même. Le superviseur m’a accompagné à nommer ce que je ressentais, à tenter de décrire finement ce que je vivais. C’était de la honte.
Le travail de cet écrit a donc été de faire avec.
La 1ère version en était teintée. J’étais dans le trop, à la fois dans le contenu et dans l’exposition. Soit beaucoup de nourritures pour tenter de cacher la honte.
Or, l’attendu était de savoir comment moi, Alexandra, je vivais et j’accompagnais mes clients avec ce sentiment.
Pour la 2ème version, j’étais dans la honte du retour de la 1ère ébauche. Elle était encore à l’œuvre: j’ai élagué la théorie mais aussi mon dévoilement et me suis concentrée sur l’analyse du processus.
Pour la 3ème version, j’ai enfin trouvé l’équilibre entre processus, contenu et dévoilement. J’ai pu faire avec la honte.
La présentation orale a été un aboutissement. J’ai pu y vivre en conscience, dans l’ici et maintenant, le processus décrit dans mon travail.
Au final, ce parcours m’a permis d’évoluer au niveau professionnel et personnel.
Les séances avec mes clients ont gagné en clarté, en précision et en profondeur. Je me sens plus présente, je dirai que mon accompagnement est plus ajusté.
J’ai une meilleure connaissance de mon fonctionnement. J’ai gagné en confiance et me suis mise en mouvement. Je me sens vivante, active et responsable de mes choix.
Ce processus d’écriture et de présentation m’a demandé beaucoup d’investissement, de temps et d’audace et m’a conduit a un ajustement créateur : j’ai pris conscience de la honte et je suis capable de faire avec dans ma pratique.
Alexandra Grassineau,