Organisée par l’ILFG le 12/10/24 à Romagnes
Pauline travaille auprès d’enfants avec des troubles du comportement. C’est via la nature qu’elle tente d’accéder à leur monde interne. Elle tisse dans sa pratique un lien ténu entre les notions d’environnement naturel, de monde intérieur et de psychologie ce qui l’a amené à l’éco-psychologie.
C’est prendre soin de l’esprit et de la terre ». L’éco psychologie est un domaine transdisciplinaire qui reconnaît que la santé humaine ne peut se concevoir indépendamment de la santé des écosystèmes. Elle trouve son origine dans la contre-culture américaine des années 60 en même temps que la Gestalt-thérapie.
Il existerait un lien, facteur de bien être, entre l’individu et le paysage « naturel » dans lequel il évolue. La nature agirait au niveau hormonal d’après la conférencière. Le cortisol par exemple, hormone du stress, baisserait lorsque d’aucun.e se baladerait en nature. Également si on se coupait de la nature notre propension à être en relation avec nos semblables serait de moins bonne qualité.
Au niveau sociétal Pauline Ayora positionne l’Ère de l’anthropocène (aussi nommée capitalocène = accaparation du vivant par certaines activités humaines) comme paradigme nous ayant éloigné de la nature.
De nombreux chercheurs et chercheuses, – depuis le couple Dennis et Donella Meadows du Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui en 1972 publient un rapport intitulé « Les limites à la croissance », – se sont penchés sur l’hypothèse de l’effondrement. En France, Arthur Keller, Jean-Marc Jancovici ou Aurore Stéphant vont également dans ce sens et proposent 9 limites planétaire à notre survie.
Après ce premier postulat Pauline précise comment ce contexte d’effondrement se médiatise vers chacun.e en sensations et émotions : impact des images, des chiffres, développement d’une palette d’émotions : éco-émotions comme la colère, l’optimisme, la peur, la honte, la sensation d’impuissance, de déni, la culpabilité, etc.
Éco anxiété (1990) : Détresse psychique et mentale liée aux enjeux écologiques, environnementaux et climatiques. On regarde les éco-émotions comme les signes d’une éco-anxiété.
L’éco-anxiété met directement en tension une rapport spatio-temporel entre l’ici (solastalgie), le maintenant (être un témoin impuissant) et le futur (projection d’une défaite à venir : on ne va jamais y arriver).
Solastalgie (2003) : mal-être lié à la perte d’un environnement connu et naturel (Glen Albretch)
(Éco) Émotions : ce qui pousse de l’intérieur vers l’extérieur = mouvement qui permet tel un levier d’exprimer quelque chose d’un besoin dans l’environnement (au sens de la relation « organisme-environnement »). Ces éco-émotions ne se limitent pas à l’anxiété mais peuvent être aussi, la tristesse, la colère, la honte, la culpabilité, etc.
Crise écologique et de l’habitabilité de la terre : la conférencière évoque qu’en chinois le concept de crise se construit via deux notions = danger (wéi) + opportunité (jï).
L’oratrice interpelle sur la dimension d’un processus socio-politique de l’éco-anxiété comme en témoigne des personnes telle Joanna Macy, penseuse et militante qui positionne l’enjeu de « dire la vérité sur l’état du monde » dans le but d’un « mouvement de passage à l’action ».
Cette recherche de l’expression de la vérité ne s’arrêterait pas seulement à une perspective seulement déclarative mais bel et bien soulèverait l’enjeu « de se laisser toucher à l’intérieur afin de pouvoir prendre des décisions » individuellement et collectivement.
L’Eco-psychologie (1960) est une discipline (inter disciplinaire et transdisciplinaire) qui étudie et accompagne le lien dit « primordial » entre l’humain et « la nature ». Elle est très complémentaire et assimilable avec la Gestalt-Thérapie mais attention elle l’est aussi avec la perspective psycho-magique (rituels chamaniques, etc.). Le concept de « nature », sous-tendu par la notion d’« éco » (du grèque. ο ι ̃ κ ο ς « maison ») par l’éco-psychologie est en effet un bien difficile objet de recherche des sciences humaines et donc de la psychologie académique, pour qui l’éco-psychologie fait débat.
Bien que cette dernière ne soit en réalité qu’un prisme, c’est-à-dire une approche non théorisée, une École dite de Palo-alto (1950 en Californie) mobilise la relation « sujet – environnement – système » dans la perspective problématique suivante : comment le sujet est-il le symptôme manifeste d’un système ?
Note personnelle de l’auteur du compte-rendu : je ne peux donc retourner qu’aux bases de la Gestalt-Psychologie : « le tout est supérieur à la somme des parties », travailler la relation entre « organisme – environnement », « figure-fond » dans un but exploratoire de la relation humain-«nature » en tant que « tout » (holisme). Dit autrement du point de vue de l’eco-anxiété : comment l’individu dans sa dimension existentielle (sens, finitude) et organismique (en relation à son environnement) est-il impacté dans sa santé par un contexte environnemental bouleversé voire effondré ?
L’éco-psychologie entretien une vision tant clinique que politique de la santé mentale. Avant l’éco-psychologie il n’y avait pas de vison politique et surtout critique de la santé mentale. En effet, avec l’éco-psychologie sont questionnés les causes des troubles de la santé mentale au-delà de la seule responsabilité individuelle ou de celle de l’environnement familial du sujet. L’axe problématique soulevé par l’éco-psychologie se porte donc également à l’échelle psycho-sociale des sociétés humaines dans leurs rapports à leurs environnements dit « naturels ».
La destruction du lien avec la nature développerait chez le sujet un désordre intérieur en rapport avec le désordre extérieur de son environnement. A l’échelle des sociétés humaines, la santé humaine et la santé de la planète serait dans cette perspective intimement et inextricablement liées. Un parallèle avec le phénomène du « burn-out » est aisée : système entreprise et sujet = système en souffrance qui invente de la maltraitance.
L’éco-anxiété est le résultat d’une dissonance cognitive intériorisée comme un marchandage avec l’antagonie qui réside entre mes valeurs et mon comportement. Or, quand la dimension existentielle du sens n’opère plus apparaissent des symptômes chez le sujet : déprime, isolement, trouble du comportement alimentaire, pensées envahissantes, attaque paniques, émotions envahissantes, etc.
L’éco-anxiété peut générer de la souffrance psychique mais n’est pas considéré comme un trouble anxieux, elle est le deuil d’une promesse pour l’avenir par rapport à nous-même et nos enfants. Est-elle une question existentielle de la finitude qui s’ancre dans l’éco-conscience ? (éco-conscience en tant que conscience de l’état de la maison).
Dans cette perspective problématique, dé-pathologiser l’éco-anxiété (arrêter de rendre l’individu malade, seul responsable de son état), c’est re-politiser l’éco-anxiété.
En tant qu’(éco)thérapeute cela nous permet :
Car in fine : est-il si anormal de vivre de l’anxiété quand la maison brûle et que la société regarde ailleurs ou encore quand elle se vautre dans la polarité « toute puissance » – « impuissance » ?
Contacter la vulnérabilité que soulève cette dernière question ne serait-il pas s’autoriser à accueillir avec nos» « actients » un mal être qui raisonne dans la relation versus une psychologie positive ou tout doit aller bien et qui nous sépare ?
Est-ce que finalement l’éco-indifférence serait-elle un signe de bonne santé mentale ? Dans la perspective de la théorie de l’attachement et des stades de développement de l’enfant, le sujet n’est-il pas très tôt exposé à un certain contexte environnemental ? Ainsi mettre à distance l’humain de la conscience de son environnement expose le sujet à une rupture du lien :
Cette perspective en sus n’est pas nouvelle :
Aller-vers un nouvel horizon de travail de conscience, en cabinet, tant en individuel qu’en groupe, en faisant la différence entre l’Ego (l’humain au sommet) et l’Eco (la maison-nature) via 4 étapes :
Synthèse par Pascal Lombard-Dupouts, Gestalt-praticien à Tarbes (65) et à Foix (09) –