Ça y est ! début septembre, l’ILFG a clôturé le module de Psychopathologie du Cycle 3, dernier module qui vient refermer un cycle complet de formation qui s’était ouvert il y a 5 ans.
Pourquoi faire de la psychopathologie ?
Parce que je reçois des personnes en thérapie et que mon rôle est de les aider à développer un fonctionnement optimal de leur SELF ou [dans un langage plus commun] à optimiser la connaissance qu’ils pourront avoir d’eux-mêmes, à s’autonomiser et à se sentir plus libre. Pour ça, il est indispensable de pouvoir identifier certains traits ou troubles, bloquants leur personnalité dans le déploiement de leur processus. Le gestalt thérapeute sait travailler sur le comment ça se passe à la frontière contact, ce qui est, en soi, thérapeutique selon Gianni Francesetti « La psychopathologie est une expérience dans laquelle il y a une absence à la frontière contact (…), la thérapie, c’est la présence du thérapeute qui ne veut pas changer le patient mais qui est présent à l’absence qui se crée entre lui et son patient »[1].
Qu’est-ce que j’ai appris ?
J’ai appris à utiliser les outils de la nosographie psychiatrique (à travers le DSM, le CIM), en posant les bases d’une psychopathologie gestaltiste. J’ai aussi travaillé sur les grandes notions de pathologies psychiatriques. J’ai appris à repérer les 3 grandes lignées (névroses, psychoses, états limites) en lien avec les enjeux développementaux (relation, plaisir et survie) et notamment la construction du lien d’attachement. J’ai étudié également les traits et troubles de la personnalité. Tout ça dans le but de savoir poser les bases d’accompagnement de certains troubles par la gestalt-thérapie.
Qu’est-ce que j’ai vécu ?
Ce serait impossible de résumer cette dernière année de formation en quelques lignes, tant mon vécu a été aussi intime que varié. Le fil rouge a été la nourriture permanente proposée par nos formateurs/trices au travers de l’alternance enseignement – expérientiel – practicum : un enseignement théorique incontournable, de multiples expériences nous permettant de sentir, intégrer et assimiler, et des practicums pour nous exercer entre nous dans le rôle de thérapeute.
Un partage que je pourrais faire est celui d’un travail autour de la pathologie des processus de contact, et plus particulièrement sur son origine potentielle dans nos liens d’attachement. Dans le cadre d’un expérientiel, nous avons reproduit quelque chose qui pourrait s’apparenter à l’expérience bien connue du « visage impassible » du Docteur Tronick, où une mère ne montre plus aucune expression à son bébé. Nous avons par binôme (1 enfant/1 parent) dû adopter une attitude d’intérêt ou de désintérêt, voire de rejet vis-à-vis de l’autre. Dans son expérience, le médecin décrit à quel point l’enfant est dépendant de l’attention portée par sa mère pour interagir. Dès qu’elle cesse de réagir aux tentatives de communication du bébé, il devient tendu et tente par tous les moyens de la faire réagir. N’y parvenant pas, il perd le contrôle de lui-même. J’ai donc moi-même pu expérimenter l’alternance intérêt/désintérêt avec mon binôme et, toute proportion gardée, mon ressenti d’adulte n’est finalement pas si éloigné de celui de ce bébé : si le regard est porté sur moi, associé à une communication verbale, l’énergie est présente et j’ai envie de partager ; a contrario, lorsque mon binôme coupe, que ni le regard ni le verbal ne nous relient, il y a comme une sensation de perte, d’abandon, générant d’abord de la peur, puis de la colère suivie de la tristesse et enfin du retrait. A travers ce vécu, il s’agissait donc de venir ressentir dans mon propre corps une expérience de rupture de contact, mesurer son impact sur mes émotions et comprendre les conséquences qui peuvent en découler dans ma manière d’être en lien, dans mon rapport à l’autre et au monde.
Comment j’ai validé la fin de ma formation ?
La fin de la formation est validée par 2 dossiers, fruits de notre apprentissage intellectuel, sensoriel et émotionnel des 5 années passées ensemble :
– un dossier sur ma propre clinique : mon SELF, mon cycle de contact, mes modes de régulation, mes ajustements conservateurs et créateurs, ainsi qu’une étude de mon fonctionnement en lien avec l’ennéagramme et la psychopathologie.
– un dossier sur mes compétences en tant que thérapeute qui requiert tous les éléments enseignés et expérimentés durant la formation sur les plans réflexifs, affectifs et interactifs, ainsi que les éléments relevant de mon propre style thérapeutique.
Dans une perspective gestaltiste (valider ce troisième cycle), c’est un cycle qui se termine pour en ouvrir un autre, celui de mettre à profit tout mon long travail de formation dans ma fonction de gestalt-thérapeute.
Les formations sont certifiées : ✅ EAGT&EAP ✅ Qualiopi ✅ DPC
[1] FRANCESETTI Gianni – Psychopathologie en gestalt thérapie – cité par Anne CHAUSSIN dans Cahiers de Gestalt-thérapie 2018/2 (n° 40), pages 172 à 187.